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Dissidences Pyrénéennes.

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Régulier ou mercenaire.

Régulier ou mercenaire.

 

 

Pour qui bat ton coeur, est ce pour toi ou pour l'amour que tu portes à ce qui est essentiel à l'harmonie de l'Univers dont tu fais partie ?

Régulier, lorsque tes bras sont ouverts et que tu donnes sans attendre, mercenaire lorsque tu reçois pour t'enrichir ?

Régulier ou mercenaire, régulier et mercenaire ?

Autour des feux illuminant la nuit profonde, l'ouverture du débat était entamée. Le vieux chevalier à l'épée flamboyante venait d'amener son éclairage sur le pourquoi et pour qui ils combattraient aujourd'hui, demain et éternellement.

Les jeunes, tels des louveteaux tout juste sortis de leur tanière écoutaient en silence les paroles de sagesse.

S'ils se taisaient, ce n'était pas parce qu'ils en avaient l'obligation, mais par la force de ce respect qui fait de celui que l'on écoute l'écho de celui qui se tait en chacun.

Les mots retentissaient autant en eux que les sons qui faisaient vibrer leurs cuirasses.

La voix de l'ancien était posée mais puissante. Elle martelait l'air vibrant autant que les coeurs endormis. Reprenant point par point ce qui dis-semblait, il appuyait sur ce qu'il convenait de comprendre dans ce qu'il y avait de commun.

Un vent léger faisait mouvoir les oriflammes fichés en terre et dont les hampes dressaient vers le ciel nocturne les couleurs des maisons engagées.

La nuit était claire et profonde comme une mer immense scintillante de reflets éternels. La paix était dans les nues et les poitrines se soulevaient au rythme de respirations lentes et conjuguées.

Tous étaient gantés dans une posture qui ouvre l'attitude réceptive par la méditation.

Un long silence pesa tant sur les épaules que dans les têtes des recrues.

Lorsque l'ancien termina l'ouverture, un autre se leva pour exposer son expérience de combattant aguerri. Puis, de tour en tour, chaque créneau fut pris. Lorsque chacun eut fini de parler, plus rien n'était à ajouter.

Ils seraient combattants réguliers à défendre la cause entendue de tous et seraient mercenaires en chacun pour ce qu'ils avaient de propre. Le point de ralliement en était le partage et le soutient qu'ils se devaient l'un à l'autre.

Plutôt que exclusifs, ils seraient un dans la diversité qui faisait leur atout. Se complétant l'un, l'autre, rien ne pourrait ébranler l'édifice dans lequel chacun trouvait sa place.

Cette longue veillée d'écoutes et de ressentis venait à point nommé de souder un peu plus l'avenir au passé. Ils veilleraient l'un sur l'autre et inversement, comme s'il s'agissait d'eux mêmes.

Demain, l'ennemi recevrait une force dont le nombre inférieur surpasserait en son centre la puissance de l'étendue disparate. Le sang coulerait dans cette terre desséchée. Chaque coup porté retentirait d'un écho amplifié. Si l'un venait à faiblir aussitôt un autre prendrait sa place pour soutenir et perpétuer vaillamment la tradition des chevaliers anciens.

Prenant dans le ciel l'élan vers la terre, les lames frapperaient en une marée sans cesse renouvelée. Leurs tenues blanches s'orneraient du sang. Les couleurs mêlées feraient de chacun un nouvel oriflamme.

Ce qui avait un début connaîtrait une fin. Le soir venu ils se déganteraient et en joignant leurs mains, offriraient au ciel immense l'étoile de chacun répondant à celles du très haut. Ceux qui seraient tombés vivraient désormais en eux, les survivants enflammés par le partage du destin glorifié.

Réguliers et mercenaires pour les siècles des siècles...

Venant de l'Occident obscur pour défendre la lumière de l'Orient, chacun retournerait à ses origines en conservant dans leurs coeurs la force et la lueur qui guidaient leur destin. Ce qu'ils étaient venus chercher, ils l'avaient trouvé en eux. Ceux qui resteraient en terre, le seraient face au soleil naissant, attendant ainsi le renouveau du temps.

L'heure qui s'avance finit dans la nuit ce que le jour nouveau amène. Avant que de naître, elle était déjà.

La bataille fut gigantesque et bien que terminée, elle se poursuit éternellement. Au delà, en chacun du passé, d'aujourd'hui et de demain, main dans la main, réunis.

Le repas qui suivit fut à l'image de ce qui s'était dit et entendu. Le pain fut riche et partagé. Le vin égaya les esprits et l'eau cristalline qui coulait à flots réguliers vint rafraîchir chacun d'un pas assuré sur un gué fraternel qui rapprochait les deux rives.

Il y eut d'autres jours et il y eut bien des nuits.

Depuis, sur cette terre étrangère ils n'étaient plus étrangers. Sous les oliviers endormis, le souvenir de quelque oriflamme dansant appelle la ramure à se mouvoir par le souffle du vent que cette histoire agite silencieusement.

 

G.

 

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