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Dissidences Pyrénéennes.

Infos,patrimoine, politique locale, environnement,

Personne ?

"Mon nom est personne" !

Est ce en cela que Ulysse échappe au jugement et à la préhension du cyclope, de celui qui ne voit que d'un œil ?   

Dans sa fonction de chef de guerre prisonnier d'un tyran à la pensée "unique", grand dévoreur d'humanité, notre "légende vivante" se montre sous ce jour impersonnel, sa "personne" s'est effacée pour ne laisser que l'invisible, l'insaisissable, le sacré au delà de toutes les apparences.

A chaque fois que l'un des quelconques "représentants" élus se présente, c'est une affaire personnelle au point qu'il revendique être celui que l'on espère, le seul en capacité de représenter la solution à tous les problèmes...

Or, à chaque fois, l'apparence finit par décevoir car l'essentiel est invisible...

Lequel s'intéresse réellement à la voix de la douleur qui ne franchit pas la barrière des lèvres ?

En chaque être humain quelque chose attend cette justice d'être reconnu en tant que tel, mais au delà qu'il puisse aussi trouver réconfort dans sa propre existence. 

Chaque atteinte à son identité, à son entité est cause de souffrance et cette souffrance qui suinte sous les apparences finir par perler en gouttes de sang !

Chaque fois que l'apparence prend le dessus sur le sacré, chaque fois la violence vient immoler l'innocence impersonnelle sur l'autel de la bêtise.

Si l'on en tient compte et que l'on est réellement empreint des valeurs humaines, alors aucun commandement ne peut venir d'un seul être, ni d'un groupe quel qu'il soit.

La solution tient à cette impersonnalité dans la charge et ce n'est certes pas par hasard si les compagnons d'Ulysse s'échappent en dessous de cette impersonnalité du mouton !

Ulysse devenu "personne", se pose en initiateur, il ouvre la voie de la Liberté à ses compagnons, non sans avoir crevé l’œil unique du cyclope, c'est à dire à l'avoir pris à son propre piège, à son propre handicap !

Ce pieu enfoncé dans l'organe, c'est ce tort que l'on ne saurait voir et cette obsession qui nous aveugle...

Hélas pour nous, êtres impersonnels, pris dans notre humanité, il nous faut vivre et côtoyer bien des cyclopes... 

Ils sont ces représentants élus, imbus et imbéciles prétentieux ou, comme celui qui est en chacun de nous lorsque notre pensée se veut exclusive et excluant toute autre possibilité.

Si nous savions tirer leçon de ce mythe, c'est un tout autre fonctionnement de vie que nous pourrions développer ensemble. Non pas une pensée unique, mais une ouverture permanente au collectif pluriel. Point de "chef" au dessus des autres, point de "tête", mais un cœur battant au son d'un rythme vivant, avec ses variations, ses intensités...

La charge d'un représentant voudrait qu'il ne soit plus "lui même", mais "personne" !

En tant que tel, il devrait être au cœur de l'assemblée et non pas au dessus !

Ce fonctionnement est appelé "matriciel". Il est la seule forme réellement démocratique de gestion, car il est réellement humain !

Cette "matrice", c'est un cœur qui produit des enfants Libres et de bonnes mœurs ! 

Penser global pour agir local est impossible à un seul homme. Il lui manque cette "intelligence de la pluralité"  dans sa forme associative de la complémentarité.

La vie est un tout dont nous faisons intégralement partie. A chaque fois que nous séparons une de ses composantes pour ne considérer que ce dont nous nous préoccupons, à chaque fois nous devenons des cyclopes, d'autant plus aveugles que notre désir est grand, que notre égoïsme occupe toute la place que l'on se doit d'ouvrir à la vie !

En cela, le système des "élections" pour désigner des représentants est pernicieux car au lieu de l'ouverture à la diversité, c'est une fermeture, un enfermement dans une partie, dans un concept construit mentalement et qui ne tient forcément pas compte du reste...

Là où notre société nous démontre l'ampleur de son incapacité, là s'étale la "vision" du cyclope. Or, la déconfiture des "partis" en est la preuve !

Les peuples sont en attente, en désir d'humanité et cette humanité, cette reconnaissance ne pourra prendre forme que sous une gestion "matricielle" donc réellement Démocratique !

Il ne suffirait nullement d'ouvrir une porte pour la refermer aussitôt, c'est à dire de constituer des comités consultatifs pour qu'en fait le résultat de leurs travaux soit dirigé ou écarté sous le diktat d'un démagogue. 

Bien sur cette nouvelle forme d'expression et de reconnaissance gène les êtres égoïstes, ceux qui sont attachés au pouvoir de décider à la place des autres...

Le cyclope est un ogre d'humanité, il se repaît des souffrances des autres car ces douleurs le confortent dans ce qu'il pense être sa raison de vivre.

Pourtant, au fond de chaque dévoreur une petite voix ne demande qu'à se faire entendre, une voix silencieuse qui ne s'exprime pas avec des mots, ni qui ne se nourrit de maux fussent ils des autres...

Mais, prendre conscience est difficile car le déni est d'autant plus confortable qu'il se drape d'une "volupté", d'un aveuglement anesthésique dont il serait d'autant plus douloureux de se séparer que l'addiction est devenue physique, pour ne pas dire physiologique...

Ceci n'est encore qu'une illusion et la voie de la vie finit toujours par se faire entendre !

Il est plus aisé de faire passer un chameau par le chas d'une aiguille que de faire comprendre et donc évoluer un représentant imbu de sa personne !

Les cyclopes se rendent malades sans le savoir...

En s'attaquant au sacré de la vie, à elle même, ils se détruisent inconsciemment eux mêmes.

Ce n'est certes pas Ulysse qui plonge l'épieu dans l’œil unique, mais bien le cyclope lui même qui souffre de cet aveuglement dont quelque chose en lui vient de prendre conscience !

Si notre éducation nous portait à nous reconnaître dans cette "impersonnalité" dans la charge par la charge elle même, notre système de "représentants élus" répondrait aux attentes des peuples. 

Mais, ce n'est certes pas le cas et c'est bien pour cela qu'il faut évoluer et donc le dépersonnaliser !

L'homme d'un parti pris n'est qu'une partie d'homme...

Redonner l'humanité à l'espace de vie et de décision ne peut se faire que dans le respect mutuel et donc par l'entente de toutes les différences.

Fi donc des conseils obstinés dans le secret de leur alcôve !

Il s'agit bien de créer une nouvelle agora, mais sans aucun esclave, ni maître...

Que chacun et chacune vienne s'exprimer au centre de l'assemblée et non point de "sa place", de sa position et que tous et toutes l'écoutent et l'entendent pareillement avec la même distance, la même proximité.

Il y aurait réellement de quoi travailler ensemble à l'évolution de notre société !

G. 

 

Je vous oriente vers le petit livre de Simone Weil "La personne et le Sacré"...

Petite remarque pertinente d'un ami, ne lisez la préface de Giorgio Agamben qu'après l'essai de Simone Weil ! 

L'expérience exprimée au delà des barbelés et des stalags de nos quotidiens ! Une voie de Liberté dans le retour au Sacré de la vie.

 

 

 

 

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