Le fantôme de Marie.

Venu du fond de l'enfance, un authentique conte Capcinois qui circulait dans le village de Rieutort. Il nous a été transmis par Corinne CHRISTOL VALORA, actuellement aux antipodes...

LE FANTOME DE MARIE

Marie était une jolie jeune fille de Rieutort. Elle vivait au village avec ses parents et les aidait dans leurs travaux.

Un jour elle tomba amoureuse d’un garçon du village, et ce dernier lui fit croire qu’il épouserait une fois les travaux des champs terminés.

Marie se retrouva bientôt enceinte. Malheureusement son prétendant n’avait aucunement l’intention de se marier avec elle et il ne tarda pas à l’abandonner.

Désemparée, marie cacha sa grossesse à ses parents et aux gens du village. L’été passa. Certains avaient bien vu que le corps de marie changeait mais personne ne dit rien.

Un soir d’hiver, Marie donna naissance, en cachette, à un bébé qu’elle étouffa sous ses jupes et qu’elle enterra dans la forêt.

Le printemps revenu, Pierre, un autre garçon du village lui fit des avances, mais Marie refusa catégoriquement. Pendant plusieurs mois ce jeune homme persévéra mais la réponse de Marie était toujours la même. Alors désespéré et fou de colère, il se rappela des soupçons qui avaient pesé sur Marie quelques mois plus tôt et la dénonça au gendarmes qui ne tardèrent pas à venir arrêter celle-ci.

Les gendarmes arrivèrent donc un soir chez les parents de Marie. Cette dernière morte de honte et de chagrin, demanda à ce qu’on la laisse préparer un sac d’affaires avant de l’arrêter. Alors que les gendarmes et les parents patientaient, Marie qui savait qu’elle serait condamnée à mort, se pendit dans sa chambre.

Quelques mois passèrent et ce fut à nouveau le retour de l’hiver.

Les journées étaient courtes et les soirées longues et il faisait bon pour les hommes du village de se retrouver au bistrot autour d’une petite eau de vie. Pierre était de ceux-là et ne se sentait aucunement coupable du sort de Marie. Il rentrait souvent tard malgré le froid et l’obscurité.

Un soir qu’il rejoignait sa maison, il croisa dans une rue une personne dont il crut reconnaitre la silhouette. Cette personne lui dit « Bonsoir, Pierre ». Tout pressé de rentrer chez lui et certainement un peu sous l’empire de l’alcool, il lui répondit « Bonsoir Marie ». D’un seul coup, il se rappela que Marie était morte, et que cela était arrivé à cause de lui. Il se retourna et ne vit plus personne dans la rue.

Pierre rentra chez lui, effrayé. Pendant des jours et des jours, rongé par la culpabilité, il ne dormit plus. Il ne mangeait plus. On pouvait le croiser parfois en train de pleurer.

Un matin, on retrouva Pierre pendu dans sa chambre et plus personne ne revit le fantôme de Marie.